Le congrès international Limousin, consacré à la race de vache limousine devait se tenir en France en septembre 2020. En raison de conditions sanitaires liées à la crise du coronavirus, l'événement a été reporté à 2021.
Vous n’aurez pas la crème du gratin de la viande de chez nous (non, la formule n’est pas exagérée...) ! Enfin, pas cette année du moins... En raison de la crise sanitaire, l’organisation de cet événement, véritable vitrine de la filière limousine pour la sélection de la reproduction dans le monde entier, a été reportée à 2021.20 ans que la profession attendait pareille fête dans le berceau de la race limousine, après des éditions au Canada et en Irlande. Le CIL (ou Congrès international Limousin), qui a lieu tous les deux ans, s’était en effet expatrié depuis une petite éternité de par le monde entier, auprès de 80 pays qui assurent désormais une visibilité planétaire à La Limousine, un race qui a su conquérir ses galons, voire ses lettres de noblesse depuis l’après-guerre. Depuis le développement d’une race destinée à la traction animale jusqu’à la sélection génomique.
C’est une autre guerre, celle contre le Covid 19, qui a eu raison du rassemblement prévu du 17 au 26 septembre 2020.
La fête n’a pas été annulée mais reportée à septembre 2021, comme l’a indiqué l’organisation via un communiqué de presse : "Au regard de l’évolution de la situation ainsi que de la persistance de nombreuses incertitudes et d’un état d’urgence sanitaire annoncé pour plusieurs mois, nous avons choisi de prendre nos responsabilités et d’annoncer notre décision dès aujourd’hui et sans attendre la date du 31 mai".
Joint ce 25 mai, le président du comité d’organisation, Jean-Marc Alibert, ne cachait pas sa déception : " C’est un crève-cœur, on s’était beaucoup investi "
Celui qui préside également le Herd-Book Limousin (*), en français « Livre de la race limousine », n’a en revanche pris aucune décision quant à la tenue ou non du concours national programmé à Limoges dans le cadre du CIL, en septembre donc." Qu’on le veuille ou non, c’était la solution qui s’imposait... Nos nombreux représentants étrangers ne pouvaient pas venir, faute d’avion. Si c’était pour avoir uniquement des Européens, ça n’avait plus d’intérêt. "
Sa réponse devrait être dévoilée autour du 5 juin, à la suite de la phase 2 du déconfinement attendue le 2 juin, et aussi après discussion avec la mairie de Limoges. Jean-Marc Allibert ne fait aucun mystère de son souhait de maintenir cette fête populaire sur le Champ de Juillet, organisée en partenariat avec Limousin promotion (qui gère Blason prestige, la filière viande) : " Les éleveurs ont envie de mettre en valeur leur travail, c’est une évidence ".
Une vitrine ajournée, l’autre en suspens
Pour promouvoir leur savoir-faire, les professionnels ont justement besoin de cette « vitrine » incarnée par le Congrès International Limousin. Le terme revient dans toutes les bouches, dont celle du porte-parole en Nouvelle-Aquitaine du syndicat agricole Confédération paysanne, Frédéric Lascaux :Et justement, cette visibilité est essentielle d’un point de vue purement économique. Un élément que le représentant syndical a bien cerné : " C’est là où les rencontres se font. La sélection, c’est un milieu fermé et concurrentiel d’autant plus qu’il n’y a pas d’AOP pour la race limousine..."" Je n’imagine pas du tout les conséquences que ce report pourrait avoir. Effectivement, le CIL pour la filière limousine est un grand débouché parce qu’il est avant tout une vitrine pour le secteur dans notre grande région, ni plus ni moins ".
Pour les éleveurs locaux, ce report constitue donc un rendez-vous manqué, une occasion ratée de rappeler à la Terre entière d’où vient réellement la viande limousine ! Ce que confirme Stéphane Demont, éleveur à Vicq-sur-Breuilh : "Vous montrez que vous existez, ça génère une publicité. Le but, c’est aussi de vendre ses reproducteurs plutôt que d’aller chercher le client ".
Dans un contexte de pandémie mondiale, qui a entraîné une baisse considérable des prix (par exemple, -0,30 € le kilo pour les taurillons), le Congrès international aurait eu le mérite de redorer le blason d’une profession affectée ces derniers temps par les nouvelles règles des traités internationaux de libre-échange, Mercosur et CETA en tête.
" On se bat contre cette importation de viande avec la multiplication des traités, ici, on est capable de produire, on a tenu le coup pendant la crise "
-Frédéric Lascaux ( Confédération paysanne)
Car si l’épidémie prive, pour l’instant, la Nouvelle-Aquitaine d’un événement mondial avec ce 20e congrès repoussé d’un an (et dont le circuit devrait passer également par Bordeaux, Brive et Guéret), elle aura aussi permis de mettre en valeur le niveau de savoir-faire des éleveurs de viande limousine grâce à des nouveaux modes de consommation tels que les circuits courts et une certaine idée de la préférence locale.
*Le Herd-Book Limousin est né en 1886. C’est un service dédié aux éleveurs permettant de certifier la qualité des reproducteurs limousins en race pure et le suivi de leur généalogie. De 1974 à 1991, il a eu pour président Louis de Neuville, initiateur du congrès en 1975 et premier président du Conseil international Limousin.